Eprouver son corps,
le vider de tout ce qui encombre.
Sentir ses muscles, son souffle,
son cœur qui bat au sommet de la côte.
Haut Sancé, ma butte.
Mon col sur la piste.
Fracas de la grêle sur la tôle du hall à vélo.
Quel bonheur ! Je suis passé entre deux grains.
Derrière la vitre du bureau, je savoure mon plaisir.
Levant le nez tout en roulant,
je découvre les bourgeons chiffonnés.
Embryons de feuilles dans les marronniers,
doigts tendus vers les nuages.
Accouchements sous ciel bas.
Surplombant les jardins familiaux,
je domine les fleurs des poiriers.
Sur les levées de terre,
passent des ombres lestées de vieux outils.
L’eau frémit sous le pont.
Villebois Mareuil, le joli nom.
Un vent clairet agite les branches du saule.
Camouflées dans les herbes,
les renoncules montent à l’assaut
des troncs de marronniers.
Passant et repassant,
je mesure leur croissance discrète.
La fauche est pour bientôt.
Effluves du matin.
Lilas ou clématites ?
Je longe la Maison des pâquerettes
et celle des violettes.
Des camélias prolongent la saison
dans des jardins de curé.
C’est charmant !
Les fleurs du marronnier tapissent,
roses et blanches, ma piste verte.
La pluie en fait une bouillie fine
qu’on parcourt avec d’infinies précautions…