Dans le secret de la patience
Aujourd’hui tout recommence
Tu seras sans désarroi
Parmi l’absence et les ombres
L’âme toujours en attente
De la brise des instants.
Alors la création
Par son ciel ses champs ses arbres
Parle cœur à nu
Le sang du coquelicot
Versé sur la petite âme
D’un poème infime.
Ne te tourmente pas
Toi qui vas sous le ciel
Il n’y a que buée
Reviendra le souffle du vent
Au milieu des roseaux
Ne te tourmente pas
L’imperceptible luit
De la pénombre sourd
La semence des mots
Appelée à prendre naissance
Ne te tourmente pas
Si la parole soliloque
Sur la neige des ombres
Et les vieilles pensées
L’horizon déjà te dépasse.
Le parfum des arbres soulève
Des brouillards l’épaisse cape
Tu chemines si doucement
Mais sans accablement aucun
La chapelle des frondaisons
À pas lents écoute ton âme
Comme le silence s’élance
Où l’ange surgit à l’instant
Souffle d’ailes dans le verger
Le nuage entend-il ce chant ?
Tu arpentes les bois essoufflés
Tes pas assourdis contemplent
L’élan vif d’un saut de bête
Venant des taillis vers les guérets
Là-bas sur les champs gelés s’immiscent
Les esquisses de simples nuages
Tu entends bien que la terre
Espère son emblavage
Longtemps tu veilles l’hiver
Dans le secret de la patience
Et tu sais que l’orge et le blé tendre
Vont étonner l’univers.