MOUSTERLIN
Cormorans figés dans le roc inspectant avec assurance les châteaux de sable des enfants de passage.
Parfois des silhouettes noires s’approchent des îles flottantes. Elles labourent la mer, dénichent des coques grises et des coffres de palourdes nacrées.
Puis s’en vont à la marée montante, à l’heure où les petits crabes verts montent sur leurs grands chevaux.
CHEMIN DES îLES
Je connais de ces îles l’éclat brutal des façades chaulées et les larges persiennes aussi bleues que les barques oscillant au-dessus des casiers.
Dans leurs chemins de laine que dévident les chattes curieuses, les charrettes pesantes laissent des lambeaux de foin dans l’épine des prunelles.
L’ODET
Chemin de halage, ricanement des mouettes.
Col mouillé des goélands et bateaux à la morte saison.
Les gerbes de Toussaint dégringolent des ponts, viennent frôler l’eau douce, comme un doigt dans le bénitier.
SAINT VIO
Vert le fenouil et bleue la libellule oubliée de l’enfance.
Tout autour de l’étang, les chemins mènent à des impasses herbues où les martins-pêcheurs se savent protégés.
Vieillard incrusté dans la pierre, la vue brouillée au regard des toitures squelettiques.
Bar-tabac au carrefour, boulten à l’angle des maisons.
Cyprès roussis ébranlés par novembre et la mer qui tamise les galets.
Ici l’homme crée des lignes Maginot de peur d’être englouti par les voix sépulcrales ou les embruns dorés.
MATIN à PORS POULLAN
La barque écrête les vagues et les hommes sont rentrés qui montrent une araignée au touriste étonné.
La fille neuve vers dix heures, au bout du quai gluant tient des roses à la main.
Un photographe la presse vers les flots où dérivent les goélands. Mais quelqu’un gris et noir la retient par son voile.
Derrière la baie vitrée du café qui sent bon, les premiers invités regardent la brume légère dissiper le mirage
QUAI SAINT LAURENT
Le goéland flasque s’échappe de la vase et claque des ailes aux mains qui lui sourient.
Sur le quai, le terreau des Glénan porte un goût de gros sel quand les enfants débiles s’agrippent aux oursins mauves et capturent les palourdes rugueuses.
Le moniteur grincheux les tire par la manche, ils s’obstinent à jeter des étoiles vers les cieux incertains.