Extrait 1
Après cette exposition de la situation, Ouha se rassit, et la discussion recommença. Il y eut de brillants tournois oratoires. Beaucoup se firent applaudir, mais rien d’utilisable ne sortit de ces passes de verbiage et de mimique. Si un Européen eût assisté à cette assemblée, il n’y eût pas trouvé la moindre différence avec celles de son pays.
Extrait 2
Ainsi, coquette, miss Mabel Smith – devinant Ouha pareil aux hommes par les sens et l’admiration en face d’une femme, – joua de sa beauté pour assurer sa conquête. La Belle serait sauvée du monstrueux désir de la Bête, que, parfois, inavouablement, avec dégoût, elle désirait.
Extrait 3
Mabel Smith évoluait, comme toutes les femmes. Son désir de s’échapper était mitigé par la crainte de perdre son amant simiesque, qu’elle sentait irremplaçable par l’Homme ; telle était sa situation mentale et physiologique, au moment où ses sauveteurs allaient être, si heureusement, prêts à lui venir en aide.
Extrait 4
— Pourquoi ? Parce qu’une obsession, plus forte que ma raison, plus forte que tout, pèse sur moi physiquement et moralement ; parce que je sais que, derrière votre grand roman d’amour, il n’y a au fond que le désir de posséder Mabel et que vous n’avez pas le courage de le dire franchement… Est-ce que vous vous figurez, maintenant, qu’il faut l’approbation d’un pasteur pour que je me donne ? Que voulez-vous de moi ?… Une femelle, ou ce qu’on appelle, chez vous, une femme ? Une femme d’intérieur, une mère de famille ? Des enfants ! un mari ! une famille à moi !
Extrait 5
Bref, neurasthénique comme vous, j’ai autant que vous le besoin de la solitude et de distractions autres que celles de l’écœurante vie mondaine. Le hasard d’une aventure a fait de moi la femelle d’un orang-outang. Eh bien ! Père, je trouve une âpre satisfaction à me sentir en dehors de cette soi-disant civilisation que j’avais, avant notre venue dans cette île, prise en dégoût. Il y a certes chez ces primitifs les mêmes besoins sexuels, moins l’hypocrisie.