Luttons nous pour la justice

Ce qui saisit dans les textes de Simone Weil, c’est la rigueur du questionnement, l’extraordinaire intégrité de sa démarche. A travers ces trois textes, elle interroge la condition de l’homme asservi par le travail et par un pouvoir politique qui en crée les conditions. Échappant à tout dogmatisme, elle propose une réflexion qui va de l’humain à l’humain, par la médiation de l’amour et la lucidité de la liberté. Animée par un esprit de justice et de charité, elle anticipe sur la déclaration des droits de l’homme, en énonçant les obligations qui lui sont dues. Car le malheur de l’homme représente le malheur du monde.

Présentation par Thierry Gillybœuf

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Produit épuisé

Format : 10,5 x 15
Nombre de pages : 80 pages
ISBN : 978-2-84418-395-8

Année de parution : 2019

 

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Catégorie :

CONDITION PREMIÈRE D’UN TRAVAIL NON SERVILE
Il y a dans le travail des mains et en général dans le travail d’exécution, qui est le travail proprement dit, un élément irréductible de servitude que même une parfaite équité sociale n’effacerait pas. C’est le fait qu’il est gouverné par la nécessité, non par la finalité.
On l’exécute à cause d’un besoin, non en vue d’un bien ; « parce qu’on a besoin de gagner sa vie », comme disent ceux qui y passent leur existence. On fournit un effort au terme duquel, à tous égards, on n’aura pas autre chose que ce qu’on a. Sans cet effort, on perdrait ce qu’on a.

Mais, dans la nature humaine, il n’y a pas pour l’effort d’autre source d’énergie que le désir. Et il n’appartient pas à l’homme de désirer ce qu’il a. Le désir est une orientation, un commencement de mouvement vers quelque chose. Le mouvement est vers un point où on n’est pas. Si le mouvement à peine commencé se boucle sur le point de départ, on tourne comme un écureuil dans une cage, comme un condamné dans une cellule. Tourner toujours produit vite l’écoeurement.
L’écoeurement, la lassitude, le dégoût, c’est la grande tentation de ceux qui travaillent, surtout s’ils sont dans des conditions inhumaines, et même autrement. Parfois cette tentation mord davantage les meilleurs.
Exister n’est pas une fin pour l’homme, c’est seulement le support de tous les biens, vrais ou faux. Les biens s’ajoutent à l’existence.
Quand ils disparaissent, quand l’existence n’est plus ornée d’aucun bien, quand elle est nue, elle n’a plus aucun rapport au bien. Elle est même un mal. Et c’est à ce moment même qu’elle se substitue à tous les biens absents, qu’elle devient en elle-même l’unique fin, l’unique objet du désir. Le désir de l’âme se trouve attaché à un mal nu et sans voile.
L’âme est alors dans l’horreur.

Poids 90 g
Auteur

Weil Simone

Éditeur

Collection La Petite Part