Lettres à Louis Guillaume (1937 – 1944)

Louis Guillaume vient d’avoir 30 ans quand commence cet échange de correspondance bientôt suivi d’estime littéraire et d’amitiés réciproques.
« Max Jacob et Louis Guillaume étaient trop différents pour que cette amicale liaison n’ait pas ses ombres et ses lumières ». Ce qui les unissait : la Bretagne d’abord. Puis, avant tout la poésie. C’est un nouvel « Art poétique » qui transparaît dans ces bavardages épistolaires et surtout un « Art d’écrire » inégalable, sans pédantisme, tout de sincérité et d’expérience. Max Jacob déploie là tout son savoir et tout son cœur.


Format : 12 X 17
Nombre de pages : 224
ISBN : 978-2-84418-151-0

 

Année de parution : 2007

15,00 

Catégorie :

Saint-Benoît-sur-Loire
Loiret
Le 14 déc.37

Monsieur,

Je crois que nous sommes en sympathie de production, tout à fait capables de sentir la Bretagne esthétiquement mais bien plus encore de la vivre au fond de nous-même de façon que si nous parlons, c’est elle qui parle.

J’aime tout ce numéro de Mediterranea avec une préférence pour Ouannec.

Cordiale poignée de main.
Max Jacob

Je serais bien heureux d’avoir un second numéro pour l’envoyer à ma famille qui est là-bas, quitte à le payer ce qu’il faut.
Saint-Benoît-sur-Loire
Loiret
26 Xre 37

Mon cher poète,

« Les doigts ont caressé des archipels d’étoiles
…..
chat-perché dans les haubans
…..
une voix chante cernée d’accords »
et tout le poème « Rondes »
Il faudrait en citer beaucoup
Je ne suis pas désillusionné après les « Regards Simples »
Vous m’avez fait penser à Guillaume Apollinaire et à Cécile Sauvage. Mais vous avez bien votre personnalité.
« La blanche odeur des camomilles ».
et « les chaloupes sont en laisse à la jetée de vos genoux !… »
tout cela est beau, très artiste… un peu trop (?)

Croyez à mon admiration et à ma sympathie.

Max Jacob
Saint-Benoît-sur-Loire
Loiret
Le 22 juillet 381

Monsieur,

Nous sommes doublement liés, je le vois. L’amour de l’arbre ! l’amour de l’arbre nous lie comme l’accent breton. Je prends pour moi le mot de Beethoven. J’aime mieux un arbre qu’un homme. Je l’avais dit avant de savoir que le génie était de mon avis. Du temps d’Apollinaire nous disions : « Il y a de l’arbre dans un tel » ou bien « Il n’y a pas d’arbre dans un tel » pour signifier la beauté produisante. Il y a sans doute de l’arbre en vous, c’est-à-dire (comprenez-moi, je vous prie et ne m’accusez pas de littérarisme) « de la racine ! » La faculté de trouver les accents qui venant du fond de l’homme s’adressent au fond de l’homme. Ces accents votre coffret en renferme beaucoup – mieux encore que de l’arbre en vous il y a en vous du marin – et là vous me comprenez mieux encore.

En toute confraternité, sympathie et bretonnerie, merci et mes deux mains.

Max Jacob

Poids 101 g
Auteur

Jacob Max

Éditeur

Collection La Part Classique