De ma mère en fin de vie,
je me suis approché
comme on le ferait d’une source.
Parce que tout vient de la source
qui irrigue et apaise la soif.
Parce que de la source
découle l’enfance.
Et que l’on redevient
devant cette mère,
quittant ce monde,
l’enfant qu’on a été.
L’hôpital
Et maintenant
ma vie fond et coule sur moi,
des jours blessants m’assaillent.
Job, 30, 16
D’abord ces veines bleues
coulant sous la peau diaphane,
la trace encore visible
des lessives épinglées
dans le froid du matin.
Je me penche vers ta joue,
tu t’agrippes à mon cou.
Tu me retiens de force,
criant ton désarroi.
Il y a ce midi
du cervelas
dans ton plateau repas.
Tu fais la moue
mais garde le melon.
Ces souffrances
que tu ne veux plus endurer.
Je te rassure comme un enfant.
– C’est fini.
Ils ne recommenceront pas.
Un passé simple
revient à la surface.
Ton chemin d’écolière,
main dans la main avec un cousin.
Mais ton père et ta mère
absents à ton retour.
– Si tu savais, ce que j’ai souffert.
Le grand dortoir plus tard,
loin de la maison.
Ses lits alignés,
son lavabo aux eaux glacées.
Des religieuses sombres
arpentent ce monde clos,
un torchon à la main.