Extraits :
« Les matelots montent en courant sur les dunes, trouvent les Annamites à peine armés, font feu sur eux, en assomment à coups de crosse comme en s’amusant. Toute la bande jaune est en fuite. Un millier d’hommes, peut-être, se sauve devant cette poignée de matelots. »
« Les Français, qui sont montés sur les murailles du fort, tirent sur eux, de haut en bas, presque à bout portant, et les abattent en masse. Ceux qui sont dans l’eau essayent de se couvrir naïvement avec des nattes, des boucliers d’osier, des morceaux de tôle ; les balles françaises traversent le tout. Les Annamites tombent par groupes, les bras étendus ; trois ou quatre cents d’entre eux sont fauchés en moins de cinq minutes par les feux rapides et les feux de salve. »
« Un Annamite, qui jouait le mort sur le sable, est rencontré par un matelot porteur d’un baril, qui le menace du doigt comme on menace les gamins. L’Annamite lui fait humblement : « tchin tchin » et lui embrasse les pieds demandant grâce. – Le matelot a bon cœur et se laisse toucher. – « Seulement, par exemple, tu vas porter mon baril. » Il lui place l’objet sur les épaules et s’en fait accompagner comme d’un groom. »
« Et puis, tout à coup, dans une ligne de tranchée, merveilleusement établie, qui semblait entourer toute la presqu’île, on avait trouvé des gens qui guettaient, tapis comme des rats sournois dans leurs trous de sable : des hommes jaunes, d’une grande laideur, étiques, dépenaillés, misérables, à peine armés de lances, de vieux fusils rouillés, et coiffés d’abat-jour blancs. Ils n’avaient pas l’air d’ennemis bien sérieux ; on les avait presque tous tués là sur place, au milieu de leur effarement, à coups de baïonnettes. »