Extrait 1 :
Non ce ne fut pas une vie ordinaire
Celle dont je vis les échos dès le premier jour
Sur la cale désencombrée des touristes
Colorés de shorts bretelles casquettes
Les pêcheurs jeunes ou très vieux
Marchaient lentement au grand vent
Car en ces temps-là les bateaux
Malamocks et autres sardiniers
Faisaient du port une belle machine
Si l’été les femmes fatales belles
Grosses ou maigres venaient trouer
L’air de leurs minois charmants
Leurs chevelures gisaient roulées en filets
Comme les ors surgis des abysses
Et dans le café bondé l’homme à la pipe
Souriait d’un sourire mélancolique
Et amer en même temps il leva le front
D’un geste agacé remisa son regard
Il l’abîma dans les ombres du comptoir
En un instant ce regard revint se planter
Sur la porte c’était l’heure il était là
L’homme attendu le sourire revint
D’un coup d’une bonté foudroyante
L’homme attendu avança touché
Par cet accueil intime dans la cohue
Anxieux d’avoir été tant espéré
Extrait 2 :
Pendant longtemps je demeurais comme hébété incapable
De supporter mentalement ces années qui avaient filé
Sans pouvoir cautériser la blessure je coupai certains liens
Qui me ramenaient vers lui sans aucun doute avec injustice
Avec l’aide de mes proches et d’amis qui me poussèrent
À rendre visible cette passion d’amitié qui nous avait liés
Je pus fendre l’armure grâce à plusieurs invitations lancées
Par des hommes de qualité comme Fabio Scotto
à Bergame
Serge Gaubert à Lyon Yves Landrein ou Steven Winspur
Qui aimait mes livres et qui organisa un cours mémorable
Pour ses doctorants de l’université de Madison où je pus
Me libérer et mieux analyser les raisons de cette passion
Comme enfin saisir les curieux mécanismes de
l’intelligence
Sensuelle de Georges qui lui permettait de transcender
Son immense culture et de mettre dans un contact
immédiat