La mort des lilas
Lilas de femme Marie
Dans un fond de prairie
Ont fleuri sont passés
Au moment du crépuscule
Des branches déjà rousses
Ont visage fané
Plein vent en fond d’allée sèchent
De tristesse drapées
Fleurs de femme Marie
Comme une traîne orpheline
Talus couverts de pluie
À la chute du soir
Lilas de femme Marie
Ne viendront plus fleurir
Ont cessé de souffrir
Dans la prairie rabougrie
Un ciel gris à Dieu va
L’âme défigurée
Petite mouette
Village engourdi
Des ombres se tassent
Sous l’épais nuage d’été
Volets clos
Confusion des corridors
Creusés au cœur du kersanton*
La cloche écorche l’acouphène
De ce parvis moite
D’église fermée
Tête noire
Chagrin de petite mouette
Au souffle épuisé
*kersanton : roche granitique du Finistère
Fin de jour
L’érable frémit
Bruissement d’ombre
L’ombre sans limites
Se penche sur terre
Un grand laurier-tin
Se voile de nuit
Une ride coule
Peut-être une larme
La pudeur habille
Le cœur du bocage
Nuit
Le monde tourmente la nuit
Où mon âme s’avance
En peine de ses ombres
Désolation de mon âme
Gorgée de petits riens
Dans la longue allée de fusains
Nuit que l’on dit intérieure
Et même sans mémoire
Que d’aucuns percevront obscure
Creux
Le hameau ruisselle
Les feuilles dévalent
Sous le premier vent
L’ombre des érables
S’oublie dans le creux
Où rampent les mousses
Pourtant sous mes pas
Vacille
L’empire du temps
L’empreinte
D’un miroir en creux
Tourbières
Tréfonds des tourbières
Remous croupissants
L’âme en leurs méandres
S’agite sans bruit
Dans l’aveuglement
De la turbulence
Toute l’âme vide
Se tapit et souffre
Dans cette tourbe où
Serpente la pluie
Songes
Brumes
Pâles buées
Lent tissu du crépuscule
Rides et gerçures
Des songes au fond des dunes
Au lointain
D’une demeure
De terre battue
Des traces de larmes
Sur son hâle du visage
Femme
Dans la demeure
Des songes au crépuscule