Extrait 1 :
L’homme, qui par ses travaux peut ainsi troubler l’économie des rivières, dérange également l’harmonie des climats. Sans mentionner l’influence toute locale que les villes exercent en élevant la température et malheureusement aussi en viciant l’atmosphère, il est certain que la destruction des forêts et la mise en culture de vastes étendues ont pour conséquence des modifications appréciables dans les diverses saisons. Par ce fait seul que le pionnier défriche un sol vierge, il change le réseau des lignes de température, isothère, isochimène, isotherme, qui passent à travers la contrée.
Extrait 2 :
C’est encore par une rupture de l’harmonie première que l’action de l’homme s’est fait sentir dans la flore de notre planète. Les colosses de nos forêts deviennent de plus en plus rares, et quand ils tombent, ils ne sont point remplacés. Aux États-Unis et au Canada, les grands arbres qui firent l’étonnement des premiers colons ont été abattus pour la plupart, et récemment encore les pionniers californiens ont renversé, pour les débiter en
planches, ces gigantesques séquoias qui se dressaient à 120, 130 et 140 mètres de hauteur.
C’est là une perte irréparable peut-être, car la nature a besoin de centaines et de milliers d’années pour fournir la sève nécessaire à ces plantes énormes, et l’humanité, trop impatiente de jouir, trop indifférente au sort des générations futures, n’a pas encore assez le sentiment de sa durée pour qu’elle songe à conserver précieusement la beauté de la terre. L’extension du domaine agricole, les besoins de la navigation et de l’industrie, ont pour
conséquence de réduire aussi le nombre des arbres de moyenne grandeur. Actuellement, c’est par millions qu’ils diminuent chaque année. En revanche, les plantes herbacées se multiplient et couvrent des espaces de plus en plus vastes dans tous les pays du monde.
On dirait que l’homme, jaloux de la nature, cherche à rapetisser les produits du sol et ne leur permet pas de dépasser son niveau.