Dehors la lumière est lointaine
Ferme les volets
Que rien ne puisse partager mon silence
***
Le ciel respire
Et moi
cheveux en arrière
dans son haleine grise
flotte doucement
comme une noyée
***
Elle monte du sol
la rumeur de l’aube
Elle était à l’étroit sous la terre
Écrire
Tenir ouverte
la bouche de l’enfance
***
La nuit s’éloigne
Délivrances heureuses
futurs fantômes
peinent à m’apprendre qui je suis
***
Paupières ouvertes
ce voile sur mes yeux
Est-ce la peau des rêves
ou la mélancolie
Oublie-moi nuit tardive
Tu veux jouer pile et face
Je m’interpose
Je n’aime pas mourir
***
L’aube
me tient muette
Je n’écris rien
Les mots
ne sont pas pour moi
ce matin
***
Poème
Exil intérieur
où l’on demande asile
à soi-même
On dirait
le coq chante à l’avance
Plongée dans le très noir
de mon café
Je n’ai pas vu le jour
arriver
***
Visage du jour
Un être qu’on a cessé d’aimer
mendie ta voix au téléphone
On lui garde la tendresse
On ne veut plus de ses baisers
***
Au mitan de la nuit
même les oiseaux dorment
Seuls les chats savent
où s’est caché le ciel
Poème inconnu
Voir avec les mots
la réalité est aveugle
***
On ne chasse pas la nuit
Elle s’en va
(c’est doucement)
***
La pluie tombe en fagots
Je les réunis
Le soleil levant
allume un grand lac de joie
Échanger
mon souffle
avec la nuit
Que son silence
de moi s’empare
s’écrive aussi
***
Entends-tu le pouls ralenti
de la nuit
L’aube
comme une paix retrouvée
une convalescence
***
La nuit est l’unique peau
des désespérés
L’obscurité nous dilue
nous sème et nous mue
éteint bien avant l’aube
toute idée de nous-mêmes
***
Où sont les clés de l’horizon
J’attends que l’aube s’échappe
On ne retient pas la lumière
***
Revenir de la nuit
comme
du bout de soi-même
Garder la mémoire
de ce qui a tremblé