I
Anne
Les haleines sont fraîches
entre les camélias et les roses en bouton.
Les têtes se penchent en faisant des grimaces.
Vous tremblez comme un jeune moineau,
vous saisissez des fils invisibles
en pagayant des mains.
La nuit, un grand trou noir
entre la ZUP et la maternité,
avec des nids de poule
pour un passage obligatoire.
La neige inattendue
faisait valser des flocons incertains
au chevet du lit bleu.
Sur le palier, la première cigarette
comme après un combat.
Mine de rien,
tu mets la main derrière le dos
quand passent des blouses blanches.
Ici, on offre des tulipes rouges.
Leurs tiges sont aussi molles
que la tête d’un enfant nouveau-né.
Quand il fallait hâter la vie,
tu parlais de la mort.
Tout le monde, bizarrement,
te disait de pousser.
Tu reconnaissais seulement
le timbre de ma voix.
Dans ces cas-là,
le grand miroir d’en face
ne montre que des lambeaux de chair.
Je détournais les yeux.
La naissance sans violence,
c’est bon pour Giotto, Fra Angelico
et quelques femmes de leur connaissance.
Contrebande de café
dans une bouteille Thermos
avec l’arôme en plus
étouffant les odeurs de bouillon,
de tisanes en sachet.
Se tromper de numéro de chambre,
faire des gazouillis au-dessus d’un berceau
(la mère absente, croyant bien faire),
s’excuser le moment venu,
dire des compliments.